Marché de l’emploi : Des milléniaux sans demandes, une bonne nouvelle?
Sébastien Sasseville, Conférencier Leadership, Motivation, Changement
Ce n’est pas demain la veille que les milléniaux manifesteront des demandes pendant une entrevue pour un emploi. Soulagement? Absolument pas et voici pourquoi.
Ils l’appelaient le Général. Robert Wood Johnson fut l’un des chefs d’entreprise les plus avant-gardistes et excentriques de son temps. Il a vécu une vie fascinante, il a fait de Johnson & Johnson l’une des plus grandes entreprises au monde et certainement l’une des plus respectées.
Avant de discuter de ces jeunes dans la vingtaine qui exigent une demi-journée (rémunérée) toutes les semaines pour plancher sur leurs rêves, et je le dis très affectueusement, examinons l’une des principales convictions de Johnson :
«… Johnson a eu l’idée audacieuse que les entreprises avaient certaines responsabilités envers la société et que plus une entreprise était à la hauteur de ces responsabilités, meilleures seraient les ventes et les bénéfices».
De notre point de vue, 100 ans plus tard, c’est loin d’être inventif! Johnson, lui, a proposé cette philosophie au milieu des années 1930, alors que pratiquement toute l’Amérique industrielle était au bord de la faillite. À l’époque, construire des usines architecturalement attrayantes, planter des fleurs autour d’elles, offrir des avantages sociaux et des salaires compétitifs n’était rien de moins que révolutionnaire. En fait, la majorité des riches industriels de la même époque étaient d’avis que cela était de la folie pure et simple.
En effectuant ces investissements pendant la pire crise économique du siècle, Robert Wood Johnson a attiré et conservé les meilleurs talents et son entreprise a créé des centaines de produits qui ont changé la vie de millions d’individus. Aujourd’hui, Johnson & Johnson présente une capitalisation boursière de près de 400 milliards de dollars.
Mais revenons à ces milléniaux qui sirotent des lattes véganes. En passant, on ne peut pas traire une amande, donc ce n’est pas du lait d’amande, c’est une boisson à l’amande.
Ce qui crée l’engagement aujourd’hui n’est pas différent de ce qui en créait il y a 100 ans. Ce qui crée l’engagement n’a rien à voir avec la santé de l’économie ni les gros salaires. Ce qui crée l’engagement, c’est le facteur humain : se sentir utile, faire un travail important, des dirigeants authentiques qui incarnent la mission, l’alignement de ses valeurs avec celles de l’entreprise, le sentiment d’avoir un impact positif et profond sur le monde. Cela a toujours été et cela sera toujours.
La différence, c’est qu’aujourd’hui, nous avons à notre disposition des études scientifiques qui nous ont permis de comprendre les principaux mécanismes de l’engagement. Ceci dit, ces études ont simplement confirmé ce qui était également vrai, mais invisible, il y a 100 ans. Deuxièmement, nous avons bénéficié, jusqu’en mars 2020, d’un contexte économique qui a créé le taux de chômage le plus bas depuis des décennies, plaçant les milléniaux dans une position de pouvoir. Quand j’étais dans la vingtaine, nous trouvions un emploi. Jusqu’en mars 2020, les milléniaux choisissaient un emploi.
En seulement deux mois, tout a changé. Voici donc mes souhaits, en vue de maintenir ou de créer des équipes engagées, pendant et après la crise.
Résistez à la tentation de vous débarrasser de votre CCO (Chief Culture Officer). La suite est inévitable : inflation en hausse, des marchés beaucoup plus compétitifs et l’innovation qui deviendra synonyme de survie. Donc, plus que jamais, nous avons besoin de cultures fortes. La culture, comme une plante, a besoin d’être arrosée. La culture, ce n’est pas une table de ping-pong dans la cafétéria. La culture, c’est le déploiement réfléchi et coordonné d’attitudes, de comportements et d’actions alignées avec l’objectif de l’organisation. La culture crée l’engagement et l’engagement mène à la performance.
Créez des lieux de travail spécialement conçus pour le travail d’équipe. Nous sommes actuellement confrontés aux réalités du télétravail, à ses avantages et certainement à ses défis. À la lumière de cette expérience, je crois qu’il est nécessaire de se réunir au bureau, mais peut-être pas cinq jours par semaine.
À l’occasion, vous aurez peut-être envie d’éviter de perdre du temps dans la circulation et de profiter d’une productivité accrue dans la solitude de votre domicile. Mais en d’autres occasions, vous aurez besoin d’interactions sociales, de l’effet d’entraînement d’une équipe et du brainstorm en groupe. Puisqu’ils seront de plus en plus utilisés pour ces besoins spécifiques, nos lieux de travail doivent donc être conçus pour remplir cette fonction.
Créer des lieux de travail efficaces, attrayants et agréables était d’ailleurs l’un des principaux piliers de la philosophie du Général.
Continuez à investir dans les gens. Aujourd’hui, il n’y a pas que les produits qui ont une date d’expiration, nos expertises aussi. Récemment, beaucoup d’entre vous ont été contraints de réinventer votre modèle d’affaires et votre modus operandi en quelques jours. Malheureusement ou heureusement, de tels bouleversements se reproduiront, c’est comme ça. Lorsque cela arrivera, nous aurons besoin d’expertise, de cultures apprenantes et bienveillantes, de coffres à outils bien remplis et de nouvelles compétences pour être en mesure de surmonter ces nouveaux défis.
Misez sur votre responsabilité sociale. Les milléniaux nous défient. Ils sont talentueux et intelligents, ils ont un désir intrinsèque d’avoir un impact, grâce à eux, nous sauverons peut-être la planète et ils sont extrêmement doués pour optimiser des processus. Oui, je leur déclare mon amour. Donnons-leur toute la place dont ils ont besoin pour s’épanouir et pour créer le monde dans lequel ils veulent vivre. Nos organisations n’en seront que plus profitables. À cet égard, la pensée de Robert Wood Johnson était pleine de sagesse :
«Nous construisons non seulement des structures dans lesquelles les hommes et les femmes du futur travailleront, mais aussi les modèles de société dans lesquels ils évolueront».
«Nous construisons non seulement des cadres de pierre et d’acier, mais aussi des cadres d’idées et d’idéaux».
Une crise nous aide à voir qui nous sommes vraiment. Traditionnellement, chaque entreprise affiche fièrement sa mission et ses valeurs dans son hall d’entrée. La cohérence, un mot puissant, entre ce qui est écrit sur le mur et ce qui est incarné avec constance par tous les membres de l’organisation demeure, au-delà de tout, ce qui nous aide à traverser une crise.
Réalisons enfin que tous que les plans d’urgence gouvernementaux procurent de l’argent que nous empruntons à nos enfants. Parallèlement, le rythme de l’innovation de l’après-Covid sera effréné. La robotisation, les développements en IA et l’automation s’accélèreront et des milliers d’emplois seront perdus et remplacés. Les économies et les profits réalisés grâce aux technologies seront en quelque sorte les moyens que prendront les milléniaux pour se faire rembourser. Donc, s’il n’est pas trop tard pour ajouter un point en caractères gras, Investissez en technologie.
Bon courage !
Sébastien Sasseville, Conférencier, auteur
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Conférencier et auteur, Sébastien Sasseville travaille avec des organisations performantes qui ont atteint le camp de base, mais qui cherchent à se transformer pour dicter le rythme, cultiver leur leadership et atteindre le sommet. De l’Everest au Sahara, Sébastien fournit aux grandes organisations l’état d’esprit et les stratégies pour maintenir des performances optimales dans des environnements en mutation rapide.
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