Comment rester motivé et engagé dans un climat d’incertitude? Comment continuer à offrir son meilleur sans même savoir où se trouve le fil d’arrivée? Les réponses se trouvent dans le pouvoir thérapeutique des objectifs.
Avec l’ensemble des événements sportifs qui ont été annulés en 2020, Gabriel Renaud et moi, nous nous sommes donné le défi de compléter un Everesting à vélo.
L’épreuve est relativement simple, mais elle demeure l’un des défis cyclistes les plus difficiles : monter une côte à répétition pour cumuler un dénivelé équivalent à la hauteur du mont Everest, soit 8848 mètres.
Après un été d’entrainement, un premier coup de pédale a été donné à 4 h du matin, et 15 heures et 37 minutes d’efforts plus tard, nous avons réussi. Ardue et gratifiante, la préparation a été aussi riche que la réalisation du défi. Voici nos plus grands apprentissages, qui, nous l’espérons, pourront vous inspirer.
LES RÉSULTATS EXTRAORDINAIRES COMMENCENT AVEC DES OBJECTIFS EXTRAORDINAIRES. Si l’objectif est possible aujourd’hui, ce n’est pas un rêve, c’est simplement un to do. Et les to do, c’est rare que l’on sabre le champagne pour ça. Les défis complexes allument les passions et ont un effet rassembleur. Rien de mieux pour créer de l’engagement au sein d’une équipe.
DISCIPLINE + CONSTANCE + INTENSITÉ = SUCCÈS. La discipline, c’est se lever à 5 h du matin. La constance, c’est le faire tous les jours. L’intensité, c’est bien faire les choses et fournir son meilleur effort. Sans les deux autres éléments, chacun est inutile. Lorsque les trois éléments sont combinés, on déplace des montagnes.
LE BONHEUR EST DANS L’EFFORT LIBREMENT CONSENTI. Pas de foule. Nous le faisions pour nous, pour nous dépasser et pour développer des nouvelles aptitudes. L’amour du processus était sincère. La journée du défi, le réveil-matin a sonné à 2 h 40. Nous étions heureux, remplis d’énergie et emballés par l’effort à venir.
LES OBJECTIFS ONT UN POUVOIR THÉRAPEUTIQUE. Durant l’entrainement estival, à plusieurs reprises, nous avons pu dire « wow, je n’avais jamais fait ça avant! ». Ce sentiment d’accomplissement a largement compensé toutes les courses annulées. Se donner des objectifs, c’est créer des points d’ancrage dans le futur qui permettent de cultiver un sentiment d’accomplissement, de se réaliser et de maintenir son engagement et sa motivation.
LES NOIRCEURS PASSENT TOUJOURS. On ne dit pas toujours « wow ». À l’entrainement, parfois, on a même l’impression de régresser. Puis, la journée du défi, plus de 15 heures en selle, c’est souffrant. S’ajoutent à cela les imprévus de la journée. Il faut rester calme, régler les problèmes, garder les yeux sur l’objectif et, surtout, sur l’amour du processus. Éventuellement, les obstacles semblent tous très lointains. Les noirceurs physiques, elles aussi, passent et tout prend son sens au fil d’arrivée.
AUCUN PLAN NE SURVIT AU PREMIER CONTACT AVEC L’ENNEMI (citation militaire). Plus on passe de temps à développer une stratégie, plus il est possible de s’y attacher. À deux semaines du défi, alors que tout semblait en place, nous avons dû nous rendre à l’évidence : il y avait un problème majeur dans notre plan. Sans hésiter, nous avons drastiquement changé le parcours. Aujourd’hui, nous savons que c’est grâce à cela que nous avons réussi.
LES OBJECTIFS AMBITIEUX OFFRENT LE CHEMIN LE PLUS RICHE. Nos propos ne sont pas une ode à la performance. Le secret, c’est que le cheminement pour atteindre un objectif ambitieux est beaucoup plus riche. L’objectif ultime est toujours d’apprendre et de grandir, que l’on atteigne le sommet ou pas.
PRÉPARATION, PRÉPARATION, PRÉPARATION. Pendant des mois, nous avons développé la liste de l’équipement nécessaire. Dieu merci, car un problème mécanique est survenu et nous avons eu besoin d’un outil particulier. L’effort demandé pour apporter l’outil a été minuscule. Le coût de ne pas l’avoir, lui, aurait été immense.
LES HEURES PÉDALÉES AVANT 9 h SONT GRATIS. À l’entrainement, nous disions souvent à la blague qu’avant 9 h, les mètres étaient gratis. Cerveau et jambes fraiches, pas de distraction, un calme qui permet un focus stratégique. Au final, cela permettait d’en faire plus et de le faire mieux. Un double avantage! Le parallèle avec nos journées de travail est évident.
UN PARTENAIRE DE RESPONSABILITÉ PERMET DE DOUBLER LES RÉSULTATS. Ni Gabriel ni moi n’aurions pu y arriver seul. C’est vrai en ce qui concerne non seulement la motivation de faire le travail en amont mais aussi le dépassement de nos limites la journée du défi.
DONC À DEUX, C’EST MIEUX, MAIS DE LA DIVERSITÉ, C’EST BEAUCOUP MIEUX. Gabriel est un athlète de vitesse et de puissance. Je suis un athlète d’endurance. Ces backgrounds différents ont créé une équipe dotée d’un vaste répertoire de connaissances. Nous avons pu nous conseiller mutuellement et mettre nos forces au service de la mission.
ET TANT QU’À FAIRE, LES EXPLOITS INDIVIDUELS SONT DES EXPLOITS D’ÉQUIPE. Famille et amis sont venus nous soutenir tout au long de la journée. Au final, ce sera toujours le highlight : l’amour des autres. Leurs encouragements nous ont donné la force de continuer et de persévérer. D’ailleurs, les entrainements de six ou huit heures en équipe passaient toujours plus vite que ceux de deux heures en solitaire.
MÊME QUAND TOUS LES ÉLÉMENTS SONT CONTRE TOI, C’EST POSSIBLE D’Y ARRIVER. Gabriel n’est pas un athlète d’endurance. Il a même subi une grave blessure au genou à l’hiver. Le matin du défi, il n’avait aucune certitude qu’il allait réussir. Mais il s’est lancé en acceptant l’éventualité de l’échec, plutôt que d’exiger une garantie de succès. Tout l’été, Gabriel a offert son meilleur effort tous les jours malgré l’incertitude. Avec de la résilience et de la ténacité, il est arrivé à un résultat extraordinaire.
Voilà!
Bon succès à vous,
Sébastien Sasseville et Gabriel Renaud