Ma grand-mère est décédée de la maladie d’Alzheimer en 2016. Un jour, alors que la fin était proche, elle a demandé à mon grand-père s’il l’aimait. Il lui a dit que oui, qu’après 66 années de mariage, il l’aimait encore autant qu’au premier jour. Elle lui a répondu : je t’aime aussi.
Ma grand-mère n’a plus jamais reparlé. Elle s’est éteinte deux ans plus tard et une partie de moi veut croire qu’elle savait alors qu’elle prononçait ses derniers mots.
J’ai demandé à mon grand-père quelle était la recette de leur succès. Il m’a confié, simplement, qu’en 66 ans, il n’y a pas eu un seul soir sans sauce avec son dessert. J’ai souri. Pour lui, c’était ça l’amour; de la sauce avec son dessert tous les soirs.
Comme 66 années de mariage sont certainement une réussite, nous pouvons tenter de chercher la leçon dans cette histoire. À mon sens, c’est une leçon de constance. Ce n’est pas la taille de nos actions qui importe, mais plutôt leur constance et l’intention qui les motive.
De l’Everest au Sahara et lorsque j’ai traversé le Canada à la course à pied, c’est cette même règle, simple voire quétaine, qui m’a permis d’arriver au bout, un pas à la fois. Mais simple ne signifie toutefois pas facile. Il faut apprendre à se concentrer sur le processus, sur des habitudes de croissance qui sont souvent sans éclat. Il faut également faire de l’apprentissage, l’objectif ultime, plutôt que de chercher la gloire du sommet.
Aujourd’hui, j’aide les dirigeants et leurs entreprises à faire le prochain pas pour créer des cultures engagées et éviter la complaisance involontaire. Récemment, lors d’une rencontre préparatoire pour une conférence de motivation, un client me disait : « Tout ce que je souhaite, c’est que tous les membres de l’équipe fassent un tout petit pas de plus, mais à tous les jours. »
Son souhait est fondé, et l’impact de sa réalisation pourra propulser n’importe quelle entreprise. Parole de quelqu’un qui n’est pas bon dans les sports et qui a traversé le Canada à la course : c’est incroyable à quel point on va loin quand on en fait un peu tous les jours.
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Le mois dernier, mon grand-père s’est éteint lui aussi. Trois années sans sauce avec son dessert, c’est sûrement long, mais nous sommes plusieurs à croire que ce soir, leur dessert, ils le mangent ensemble, et avec de la sauce.