La mort de la gestion du changement
Sébastien Sasseville, conférencier gestion du changement & agilité, auteur
Vous gérez encore le changement? Si c’est le cas, vous avez probablement un problème de culture. L’ère de la gestion du changement est terminée.
À preuve, ces startups qui nous inspirent ne gèrent pas le changement. Elles le créent, l’imposent et elles dictent le rythme, un nouveau rythme. Elles sont créatives, apprenantes, en réinvention et en questionnement constants, sans aucun attachement émotif à leurs façons de faire.
À l’inverse, les entreprises qui gèrent le changement le font majoritairement de façon réactive et souvent trop lentement. Ces organisations sont parfois aveuglées par des résultats courants qui sont bons, ou pas assez mauvais pour susciter un sentiment d’urgence.
De l’Everest au Sahara, mon parcours sportif incarne la transformation. Aujourd’hui, en veston ou en crampons, je travaille avec une cinquantaine d’entreprises tous les ans et je les aide à faciliter leur transformation.
Voici donc quelques pistes de réflexion pour les organisations qui désirent demeurer pertinentes et réussir dans des marchés en transformation continue :
Enrayez la nostalgie corporative
Les organisations les plus performantes n’attendent pas de mauvais résultats pour se réinventer. Elles savent délaisser des processus, des produits, des services et des façons de faire rapidement, sans attachement émotif à ceux-ci.
Cultivez un sentiment d’urgence optimiste
Une culture habitée par un sentiment d’urgence optimiste tend à se questionner sur son avenir. Cette réflexion engendre l’innovation et permet à l’organisation de passer à l’histoire en transformant son industrie.
Ce sentiment d’urgence est positif, constructif et il incite à l’action. Ici, l’ennemi n’est pas l’échec, mais bien l’inaction. Si vous n’êtes pas en train de transformer votre industrie, vos compétiteurs sont sans doute occupés à le faire.
Choisissez les bons mots
Changement est un mot à éviter. Afin que votre équipe saisisse que le changement est un processus et qu’il est constant, utilisez plutôt les mots évolution, transformation et agilité. Votre culture ne change pas, elle évolue.
Décentralisez le pouvoir pour cultiver l’agilité
En montagne, il faut savoir identifier les menaces et y réagir rapidement. Dieu sait qu’en haute altitude, l’environnement peut changer en quelques minutes. Dans nos organisations, le défi n’est pas de savoir qu’il faut s’adapter, mais bien de réussir à le faire rapidement.
Voilà un défi pour les grandes organisations, qui ont tendance à être un peu plus paralysées par leurs structures administratives. Une décentralisation et un partage du pouvoir accroit l’agilité et donc la performance de nos grandes entreprises. De plus, ce partage du pouvoir a pour effet de rehausser l’engagement, en intensifiant le sentiment d’utilité des employés, et en leur permettant ainsi de se réaliser pleinement.
Commencez à l’embauche
Vous cherchez le bon « fit »? Un « culture fit » c’est bien, mais un « culture add », c’est mieux. Une embauche est une occasion rêvée de bâtir une culture agile, en ajoutant une expertise, un point de vue et une attitude jusqu’alors manquants dans l’équipe.
Embauchez avec humilité, choisissez des candidats qui vous mettront au défi.
N’ajoutez rien dans l’assiette de vos équipes
Un commentaire revient souvent chez les exécutifs : « Mes équipes ont vécu beaucoup de changements, elles sont fatiguées. »
Se transformer ne veut pas dire ajouter des tâches. Cela signifie aligner de nouvelles actions avec les nouveaux objectifs. Inspirons-nous ici de la recette Stop-Start-Continue de Netflix. Donc, trois questions auxquelles réfléchir fréquemment : «Que devons-nous arrêter de faire, que devons-nous continuer de faire et que devons-nous commencer à faire?»
Développez une culture apprenante
Les organisations qui savent s’adapter savent expérimenter. Elles expérimentent et elles apprennent constamment, sans attendre une crise, afin de préparer l’avenir et de maintenir leur position de leader. Faites de l’apprentissage l’objectif ultime.
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« Le changement est un processus, pas un événement ». Cette phrase a été rendue célèbre par John Kotter… il y a 25 ans. Plus que jamais, elle prend son sens. Dans la nouvelle économie, nous ne parlons plus de changement, mais bien d’un mouvement perpétuel, dont le rythme ne fera que s’accélérer. Voilà un défi excitant qui nous pousse à valider notre pertinence quotidiennement.
Pour réussir, il faut accueillir cette valse et non pas la percevoir comme un obstacle à surmonter. Nous devons bâtir des cultures agiles et faire en sorte que notre personnel comprenne que le changement n’est pas un projet à compléter, mais bien l’ADN de l’organisation.
Bon succès!
Merci de nous inspirer par des textes intelligents, accessibles et dont le contenu suscite continuellement une saine réflexion.